À travers un prisme de douleur, de regrets, de déni
Il n’y a pas de vérité. La vérité n’existe pas. [...] rien qu’une tentative maladroite et inaboutie de m’approcher de quelque chose d’insaisissable. Une façon de raconter l’histoire, à travers un prisme déformant, un prisme de douleur, de regrets, de déni. D’amour aussi. [...] Dès lors qu’on ellipse, qu’on étire, qu’on resserre, qu’on comble les trous, on est dans la fiction. Je cherchais la vérité [...]. J’ai confronté les sources, les points de vue, les récits. Mais toute écriture de soi est un roman. Le récit est une illusion. Il n’ existe pas. [...] On a parfois besoin du travestissement pour explorer la matière. L’important c’est l’authenticité du geste, je veux dire sa nécessité, son absence de calcul.[...] Je ne suis pas sûre que le réel suffise. Le réel, si tant est qu’il existe, qu’il soit possible de le restituer [...] a besoin d’être incarné, d’être transformé, d’être interprété. Sans regard, sans point de vue, au mieux, c’est chiant à mourir, au pire c’est totalement anxiogène. Et ce travail-là, quel que soit le matériau de départ, est toujours une forme de fiction.
D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan, JC Lattès, 2015
Publié le 25 octobre 2016