Le titre : stimuler l’envie par un mode discursif et non plus narratif
Le titre est un terrain formidablement propice pour mesurer les effets du pouvoir sémiotique des termes et des effets de sens qui le rendent beaucoup plus stratégique que n’importe quel outil de communication. Le titre est en effet le nom de code ou le mot de passe de [la photo], celui qu’on transmet, qui fait l’objet du bouche-à-oreille.
Certains outils de la langue, très simples, ont toutes les chances de stimuler l’envie sans vainement tenter d’adhérer à un horizon d’attentes supposé.
La mise en liste conjure la restriction imposée par l’unité de temps et de lieu et par une ouverture maximale du contenu et la promesse d’une saturation de l’expérience.
Une autre manière d’élargir le contenu réside dans le pluriel. Le pluriel invite à l’abondance et à la diversité. Le mot d’ordre est ainsi d’ouvrir le thème au « champ des possibles ». Le pluriel permet de suggérer la mise en scène d’une diversité d’objets ou de récits – donc l’étendue de l’offre – mais aussi des possibilités de reconnaissance le pluriel suggère une multiplicité de relations constituées de rencontres et de découvertes.
Le primat accordé à l’expérience du visiteur modifie la manière de s’adresser à lui, par un mode plus direct. Ces registres renvoient à des distinctions linguistiques établies par Benveniste (le discours adressé et l’histoire racontée). Ils renvoient à une pragmatique de la participation, à savoir provoquer le geste et le mouvement en prolongement instantané du désir de voir.
Ces trois stratégies extrêmement simples mènent à repenser la fonction sémiotique du titre non plus seulement comme un désignateur du contenu ou un propos tenu à son égard mais comme un véritable indice de la valeur.
D’après Xavier Metzger, chargé d’atelier sémantique, École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Les secrets d’un « bon » titre d’exposition, 19/03/2018, The Conversation/fr
Publié le 1er avril 2020