Eyes wild open, une photographie qui tremble
« Certains renouvellent et parfois dynamitent le genre documentaire quand d’autres explorent de nouvelles voies introspectives ou poétiques. Au fil des œuvres, une évidence s’impose : aucun ne joue le jeu de la déclinaison ou de l’imitation. Ni postures, ni impostures, pas de contrefacteurs. S’ils sont souvent nourris des œuvres de leurs prédécesseurs, et que des liens, des correspondances, surgissent comme des évidences, ils n’ont aucune entrave, et s’inscrivent dans le droit fil de cette photographie indomptable et indomptée.
Les yeux sauvagement ouverts. Leurs œuvres sont puissantes, riches et diverses.
Ils ne sont pas face au monde, ils sont au monde. Ils ne se tiennent pas à distance respectueuse, ne se plient pas aux règles ni aux modes. Ils bousculent les conventions avec des images qui retranscrivent leur expression subjective. Leur rapport au réel et à la prise de vue est physique, âpre, immédiat. Leurs images mouvantes, incandescentes, nerveuses sont autant de stigmates : elles n’attestent de rien d’autre que de leur contigüité à un monde qui parfois déborde. Elles posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses.
Lancinantes et furtives, elles évoquent plus qu’elles ne décrivent et se condensent dans une intensité perceptive de flux et de reflux pulsionnels, de visions convulsives, fragmentées ou fragmentaires et leur charge émotionnelle réside dans cette tension. Car c’est la perméabilité au monde qui rend les images perméables à ceux qui les regardent.
Eyes Wild Open rassemble ceux qui, en subvertissant la photographie, nous transpercent de leurs images contagieuses. »
D’après Caroline Bénichou. pour EYES WILD OPEN - Sur une photographie qui tremble. Botanique.be printemps 2018
Publié le 18 mars 2018