Éthique des fragilités
Nous avons besoin de Van Eyck et de Bonnard et de Morandi, nous avons besoin de Dufay et de Bach et de Beethoven et de Stravinsky afin qu’il nous empêchent d’oublier et pour nous aider dans notre faiblesse et notre fragilité. La plupart des artistes ne nous aident pas, il nous entravent, il nous égarent, il nous assomment de bruit et puis nous laissent avec rien et moins que rien. Seuls quelques rares artistes, et nous découvrons rapidement lesquels par nous-mêmes, ont la capacité de nous entraîner en nous et en avant, et de nous faire regarder le monde en nous-mêmes avec le regard de l’espoir. Livrés à nous-mêmes, nous devenons petits et durs et en arrivons à détester cette petite chose dure et finissons dans la léthargie et le désespoir. Nous avons besoin que les artistes qui comptent nous rappellent constamment qu’il existe là des possibilités, dans le monde et en nous-mêmes, et qu’en travaillant avec acharnement, et en déployant notre énergie, nous seront récompensés.
Gabriel Josipovici, Moo Pak
Publié le 12 mai 2018