D’une noirceur chamarrée à la Kierkegaard
Les choses qui prêtent à rire ne prêtent en fait à rien : on peut rire du ministre comme de l’enfant, de la mort, de la beauté, de la laideur... En rire, c’est en quelque sorte donner du sens à tout cela, tout en se rendant compte que n’importe quel sens pourrait valoir. Il ne s’agit pas de joie, tout au plus d’une jubilation : celle de sentir que nous avons une conscience si libre qu’elle peut décider de prendre n’importe quoi n’importe comment.
Si (et seulement si) on le prend bien, le pire n’est jamais décevant. Faisons-nous un monde rigolo, et youpi, nous le trouvons alors irrésistible...
C’est le “bon sens” qui se tord quand on se tord de rire : les concepts droits et lisses éclatent, on leur donne des poils et des bosses, comme ça, pour rire, juste histoire de voir notre toute puissance face aux choses que l’on aurait pu croire si bien établies. Ah ! ça fait du bien ! Cette dernière arme face aux situations désarmantes montre à quel point le sens des choses est à la merci du regard que nous daignons leur accorder dans notre petit théâtre de guignol.
François Housset
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Publié le 9 octobre 2018