Azur eidétique
Alors, soudain, pareille à une immensité d’azur, sans une voile, sans une fumée, la mer de faïence bleu-tendre s’étendait à l’infini. Était-il possible de dire ce qu’était ce bleu indéfinissable ? Car ce n’était pas le franc azur. Et ce n’était pas le cobalt. C’était beaucoup plus nuancé, beaucoup plus frais, beaucoup plus délicat que le cobalt. Le lapis, alors ? Non certes et pas davantage le turquin. Cela n’avait pas l’innocence de la bourrache, ni l’ingénuité du myosotis, ni la candeur virginale de la Véronique. On était quelque peu tenté de songer à la pervenche ; mais, soudain, l’esprit comprenait que ce bleu, cette mer de bleu pâlissant, c’était tout simplement le bleu...
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945,
Publié le 22 avril 2018
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