Ève Lomé

Journal extime

Soulèvement

Ce qui nous soulève ? Ce sont des forces : psychiques, corporelles, sociales. Par elles nous transformons l’immobilité en mouvement, l’accablement en énergie, la soumission en révolte, le renoncement en joie expansive. Les soulèvements adviennent comme des gestes : les bras se lèvent, les cœurs battent plus fort, les corps se déplient, les bouches se délient. Les soulèvements ne vont jamais sans des pensées, qui souvent deviennent des phrases : on réfléchit, on s’exprime, on discute, on chante, on griffonne un message, on compose une affiche, on distribue un tract, on écrit un ouvrage de résistance.
Ce sont aussi des formes grâce auxquelles tout cela va pouvoir apparaître, se rendre visible dans l’espace public. [...] De toutes les façons, chaque fois qu’un mur se dresse, il y aura toujours des « soulevés » pour « faire le mur », c’est-à-dire pour traverser les frontières.- Ne serait-ce qu’en imaginant. Comme si inventer des images contribuait – ici modestement, là puissamment – à réinventer nos espoirs politiques.
Georges Didi-Huberman, commissaire de l’exposition Soulèvements, jeu de paume, 2016
Logo : destruction de l’hôtel de ville de Paris, 1871

Publié le 11 janvier 2017